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Comment les centrales d’achat transforment l’approvisionnement des restaurants ?

Réduire ses coûts d’approvisionnement sans dégrader la qualité est un vrai levier de marge pour les restaurants, et les centrales d’achat peuvent clairement y contribuer si la démarche est bien cadrée. Les gains de 10–20% sur le poste achats sont possibles dans les bons cas, mais la promesse doit rester réaliste et dépend toujours de la situation de départ.

Faut-il rejoindre une centrale d’achat restauration
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La hausse du coût des matières premières, la multiplication des fournisseurs et la pression sur les marges rendent la gestion des achats de plus en plus complexe pour les professionnels CHR. Dans de nombreux établissements, les matières premières représentent autour de 25 à 35% du chiffre d’affaires, ce qui en fait un poste stratégique pour la rentabilité.​

Les centrales d’achat restauration apportent une réponse structurée à ces enjeux en mutualisant les volumes, en professionnalisant la négociation et en simplifiant la chaîne d’approvisionnement, avec à la clé des économies potentielles significatives.​

Qu’est-ce qu’une centrale d’achat restauration ?

Une centrale d’achat restauration est une structure qui rassemble les besoins de plusieurs restaurants afin de négocier, au nom du groupe, de meilleures conditions auprès des fournisseurs. Elle agit comme un intermédiaire de négociation et de référencement, pas forcément comme un grossiste qui achète et revend avec sa propre marge.

En pratique, la centrale met en place des contrats-cadres avec des producteurs, distributeurs et logisticiens, puis les restaurateurs adhérents commandent directement auprès de ces fournisseurs aux conditions négociées, tout en bénéficiant d’un accompagnement et d’outils de suivi.

Différence entre centrale d’achat et grossiste

Le grossiste classique achète des produits, les stocke et les revend en intégrant sa marge commerciale, ce qui lui donne une grande maîtrise sur la sélection, les prix et les délais.​

La centrale d’achat, elle, se concentre sur le pouvoir de négociation et la structuration des accords, en se rémunérant via des commissions, des cotisations ou un abonnement, tout en laissant la facturation et la logistique s’opérer directement entre le restaurateur et le fournisseur référencé.​

Les principaux types de centrales d’achat CHR

On distingue plusieurs modèles :

  • Centrales d’achat indépendantes, ouvertes à tout établissement CHR, proposant un catalogue large (frais, sec, surgelé, boissons, non-food, services).​
  • Groupements d’achats de restaurateurs, souvent organisés par zone ou par type de cuisine, qui mutualisent leurs volumes et partagent leurs bonnes pratiques.​
    Certaines chaînes disposent de leur centrale intégrée, et des plateformes digitales B2B combinent mutualisation, place de marché fournisseurs et outils de gestion en ligne, ce qui crée des modèles hybrides entre centrale traditionnelle et marketplace.​

Quels gains réels attendre d’une centrale d’achat ?

L’argument numéro un reste la réduction du coût d’approvisionnement, mais il est important de distinguer les promesses marketing des gains réellement atteignables. Des retours d’expérience en groupements d’achats et achats B2B évoquent régulièrement des économies de l’ordre de 10 à 15% sur le poste achats dans les situations favorables (volumes suffisants, achats peu optimisés au départ).​

Dans la restauration commerciale, où le ratio matières se situe généralement sous 30–35% du chiffre d’affaires, une baisse de 10–15% sur les achats peut déjà représenter plusieurs points de marge supplémentaire sans bouleverser l’offre.​

Pourquoi “jusqu’à 30%” doit être nuancé

Les messages du type “jusqu’à 30% d’économies” relèvent davantage d’une accroche commerciale que d’un standard garanti pour tous les établissements. “Jusqu’à” signifie qu’il s’agit de cas extrêmes très optimisés, souvent avec une situation initiale très dispersée ou mal négociée.​

Pour un restaurant déjà structuré sur ses achats, avec une carte maîtrisée et des fournisseurs bien négociés, l’enjeu réaliste est souvent de quelques points sur le ratio matières et de gains forts sur le temps, la fiabilité et la qualité, plutôt que de viser 30% de réduction systématique.​

Des économies visibles aussi sur les coûts cachés

Les centrales d’achat permettent également de réduire des coûts moins visibles : temps passé à rechercher des fournisseurs, à comparer les devis, à gérer les litiges, et coûts liés aux ruptures ou achats de dépannage.

En standardisant les process, en réduisant le nombre de fournisseurs actifs et en proposant des outils digitaux de commande et de suivi, elles peuvent améliorer la productivité administrative et opérationnelle, ce qui se traduit en heures gagnées chaque semaine.

Les autres avantages d’une centrale d’achat restauration

Optimisation de la chaîne d’approvisionnement

La centralisation des commandes via une centrale d’achat simplifie la relation fournisseurs : moins d’interlocuteurs, process harmonisés, livraisons plus lisibles et meilleure visibilité sur les stocks.​

Certains acteurs proposent des solutions connectées (portails de commande, intégration au logiciel de caisse ou à l’ERP, reporting) qui permettent de mieux piloter les volumes, d’anticiper les besoins et de réduire le gaspillage alimentaire.​

Accès à une offre produits plus large

Les catalogues des centrales d’achat peuvent regrouper plusieurs milliers de références, incluant des gammes premier prix, cœur de marché et premium, ainsi que des produits spécifiques (bio, locaux, labels, solutions végétariennes, etc.).​

Pour un restaurateur indépendant, cela ouvre la possibilité de travailler des produits jusqu’alors difficiles d’accès ou gardés par de gros acheteurs, tout en sécurisant les volumes et les tarifs sur la durée des contrats.​

Soutien aux démarches responsables

La montée en puissance des attentes sur l’origine, la traçabilité et l’impact environnemental pousse de nombreuses centrales à développer des filières responsables (bio, circuits raccourcis, produits labellisés, emballages alternatifs).​

Pour les restaurateurs, s’appuyer sur un partenaire achats qui référence et audite des fournisseurs engagés facilite la construction d’une offre responsable, tout en gardant une cohérence économique sur les marges.

Faut-il rejoindre une centrale d’achat restauration

Comment choisir la bonne centrale d’achat restauration ?

Analyser votre situation actuelle

Avant de rejoindre une centrale, un audit de votre approvisionnement est indispensable : répartition du chiffre d’affaires par familles, structure de la carte, volumes par produit, ratios actuels, contraintes logistiques et attentes clients.

Cette photographie de départ permet d’identifier les catégories prioritaires (sec, frais, surgelé, boissons, non-food) et de fixer des objectifs réalistes en termes de gains, de délais, de qualité et de simplification.

Les critères à comparer entre centrales

Lors de la sélection, plusieurs points doivent être étudiés :

  • Adéquation du catalogue avec votre positionnement (type de cuisine, niveau de gamme, besoin en produits spécifiques).
  • Couverture géographique et qualité de la logistique (délais, fréquences, contraintes de livraison, gestion du frais).

Il est aussi crucial d’analyser le modèle économique (cotisation, commissions, engagements de volumes, durée des contrats) et les services associés (outils digitaux, accompagnement, formation, reporting).

Les bonnes questions à poser

Avant de signer, il est utile de clarifier :

  • Quels engagements de volumes ou d’exclusivité sont demandés sur certaines familles ?
  • Comment sont gérés les litiges (qualité, retard, rupture) entre restaurateur, centrale et fournisseur ?
  • Quels indicateurs seront suivis et partagés pour mesurer les résultats (économies, qualité, délais) ?

Mettre en place progressivement un nouveau schéma d’achats

Déploiement par étapes

La transition vers un modèle d’achats centralisé gagne à être progressive, par exemple en démarrant avec quelques familles stratégiques ou des volumes non critiques afin de tester la fiabilité et les outils.​

Cette approche par paliers limite le risque opérationnel, facilite l’appropriation par les équipes et permet d’ajuster les paramétrages (fréquences de commandes, quantités, fiches techniques) au fil des retours terrain.​

Former et embarquer les équipes

Le succès d’une centrale d’achat repose aussi sur l’adhésion des équipes en salle, en cuisine et à l’administratif. Expliquez les objectifs (gains, simplification, qualité), formalisez les nouveaux process et accompagnez la prise en main des outils de commande et de suivi.​

Impliquer les chefs et responsables de site dans la sélection des produits et des fournisseurs référencés renforce la qualité des choix et limite les résistances au changement.​



Piloter la performance avec des KPI

Une fois le dispositif en place, définissez quelques indicateurs-clés : évolution du ratio matières global et par familles, temps consacré aux achats, taux de conformité des livraisons, nombre de fournisseurs actifs et retour qualitatif des équipes.​

Un suivi régulier, mensuel ou trimestriel, permet de vérifier la réalité des économies, d’identifier les points de friction et d’ajuster si besoin le périmètre confié à la centrale ou la construction de la carte.​

Tendances futures : digitalisation et modèles hybrides

La digitalisation accélère dans les centrales d’achat restauration : plateformes B2B, connexion aux logiciels métiers, fonctionnalités d’analyse et de prévision, voire utilisation d’algorithmes pour anticiper les besoins à partir de l’historique des ventes.​

En parallèle, des modèles hybrides se développent, combinant mutualisation des volumes, relation directe avec des producteurs locaux et services logistiques partagés, ce qui permet de concilier efficacité économique et storytelling produits.

Faut-il rejoindre une centrale d’achat restauration ?

Les centrales d’achat peuvent devenir un vrai levier stratégique pour les restaurants qui souhaitent reprendre la main sur leurs achats, sécuriser leur approvisionnement et améliorer leur rentabilité dans un contexte de coûts tendus.

Les gains ne sont ni automatiques ni uniformes, mais une démarche structurée (audit, choix du bon partenaire, déploiement progressif, pilotage par les KPI) permet souvent de gagner à la fois en économie, en sérénité opérationnelle et en qualité perçue par le client final.